Sniff…
Mon maître me dit: samedi matin, nous allons à Asnelles
Je me dis : tant mieux, il y a du vent, on va faire une belle sortie sur la plage...
Rien du tout. Il me présente à des chars que je ne connais pas : des classe 5, des Standarts, des Promos, des Minis 5.6. Il y avait quand même un cousin : un classe 2
Quant à la plage, c’était du bluff. Je ne l’ai même pas vue.
Il me descend de la remorque pour aller directement sur un berceau dans une grande caisse foncée, qui résonne et où il fait chaud.
Et puis en peu de temps, je suis entouré de chars, dessus, à côté, derrière, et nous n’avons même pas été présentés.
Pas un autre classe 3 avec qui discuter.
C’est d’une incongruité intolérable
J’apprends donc que je vais être obligé, moi F585, de subir cette cohabitation avec 30 chars jusqu’au 10 juillet, et que je serai libéré après deux mois de transport, de navigation et encore de transport
Mon maître ne m’a même pas demandé si j’avais le mal de mer…
Et tout ça pour se retrouver en plein désert du Nevada, à 1800 m d’altitude, pour rouler une semaine, et refaire le même périple pour rentrer.
Il parait que c’est le Championnat du Monde 2014
Je comprends maintenant pourquoi mon maître m’avait préparé deux robes, dont une plus courte.
Ce n’était pas pour conter fleurette en Normandie.
Il m’avait préparé aussi 3 paires de chaussures de tailles différentes : c’était pour rouler ailleurs que sur du sable.
J’aurais du me méfier…le traitre.
Pour me consoler, avant de me quitter, il me dit que je retrouverai à l’arrivée mes petits camarades classe 3 belges, allemands et néerlandais, qui partent dans une autre boite via Anvers.
Oui, mais eux, ils voyagent ensemble !
Et sur place, nous serons accueillis par de nouveaux amis américains.
J’espère que le programme sera correct.
Sinon je me vengerai, je lèverai la patte quand il ne faut pas, je desserrerai des boulons, j’oublierai mon lest, j’irai là où il y a moins de vent…bref je ferai des caprices.
En attendant, je vais cohabiter dans le noir et en silence
