Le but de ce dossier (Tout Se Passe Sous Le Casque n° 1 à 4) était de faire prendre conscience aux pilotes et aux entraineurs de toutes les classes, les différentes subtilités que l’on peut engager lorsque l’on fait de la compétition. Mais ce ne sont là que des recettes qu’il faudra travailler à l’entrainement et en course. L’objectif ultime est bien de mettre en œuvre des exercices variés dans des conditions changeantes, qui amèneront le pilote à se créer une mémoire tactique.
La compétition en char à voile au contraire du roulage en loisirs demande de l’attention pour essayer de capter un maximum d’informations (la plage, le vent, le type de parcours, les différents passages…). Ces informations doivent nous aider à élaborer un projet tactique qui est la base du roulage pour un pilote de haut-niveau. Je pense que c’est là une étape importante dans la vie d’un pilote : le jour où l’on choisit soi-même son trajet parce que l’on a bâti des hypothèses, échafaudé des projets en essayant d’être visionnaire de la course. Et cet état d’esprit est continuellement remis en question. Il suffit de participer à une course d’un niveau plus important et vous verrez votre pilote passer à un stade de régression, incapable de formuler des projets, incapable de s’inventer des trajectoires… suivre bêtement et mal son prédécesseur.
En écrivant ses lignes, je me suis rendu compte qu’il est impossible de tout voir, de tout écrire au risque de rendre un « truc » complètement illisible et indigeste. Une situation de course doit être prise dans sa globalité, chose que je n’ai pas pu faire ici. Pour écrire cet essai, il a bien fallu décortiquer, scinder chaque phase de course pour expliquer mon point de vue sur la situation. Or, le déroulement d’une course en char à voile, ne se passe jamais comme cela. Une situation de course est souvent complexe avec de nombreuses interactions et un nombre impressionnant d’informations à gérer-la vitesse du char, l’appui sur les roues, vos appuis dans le char, la tension de l’écoute- pour ne citer que les informations kinesthésiques propres à chaque pilote. A cela vient s’ajouter toutes les informations visuelles et auditives. Malheureusement, nous sommes sujets aussi au stress : au stress de la place à défendre, de la dangerosité de la plage, de l’enjeu de la course et de son niveau, bref tous ces sentiments parasites qui vous empêchent de réfléchir, de capter et trier les bonnes informations, d’analyser et donc d’apporter la réponse efficiente.
L’état de réceptivité n’est pas non plus expliqué ici. Un pilote de bon niveau ne roule pas de la même façon selon son intérêt pour la course ou pour le roulage.
Donc, faire prendre conscience au pilote que l’on ne roule pas en course de la même façon qu’en loisir est très important. Rouler en course demande une vigilance et une attention bien particulière pour essayer de tirer parti de toutes les situations rencontrées, pour trier rapidement les bonnes informations. J’espère simplement que lorsque vous roulerez, vous aurez conscience de toutes les phases de jeu, de toutes les subtilités que votre adversaire vous fera subir. Et, un jour sûrement, vous réussirez à trouver une technique que vous n’utilisiez pas, vous l’analyserez et vous vous la mettrez dans un coin de la tête pour pouvoir la ressortir encore plus facilement (évidemment, puisque vous l’auriez déjà testé avec réussite).
Et c’est bien dans ce contexte qu’il faut que nous nous placions. C’est dans l’apprentissage et dans l’entrainement que ces faits de course deviendront des gestes ou des réponses automatiques. Bien sûr, beaucoup d’entre nous ne savent pas ce qu’est un entrainement puisque les entraineurs ne sont quasiment réservés qu’aux classes « jeune ». Mais les séances d’entrainement ne sont-elles pas toutes ces sorties que nous avons faites tout au long de notre carrière de pilote de char à voile ? Qui ne s’est jamais dit « je vais faire telle course de ligue pour m’entrainer », pour régler un problème de vitesse ou pour tester du matériel. Le facteur de réussite tient dans la répétition dans différentes conditions et dans la connaissance du résultat. La course elle-même n’est-elle pas le meilleur moyen de connaitre son résultat ?
Eh oui, nous nous sommes tous déjà fixés des règles d’entrainement plus ou moins structurées, plus ou moins objectives et plus ou moins pertinentes.
Je pense qu’il est temps justement de structurer les entrainements, qu’il ne faut pas se dire « à quoi bon préparer un entrainement puisque de toute façon, les conditions changent tellement que l’on ne fait jamais ce qui était prévu ». Le fait de préparer le roulage nous(les entraineurs) met déjà dans une phase d’attention que forcément les coureurs vont ressentir. Est-il vraiment normal d’aller sur la plage sans savoir quoi faire, en espérant que la plage sera belle, que le vent sera bon …
C’est pourquoi, je vous propose les fiches d’entrainement suivantes. Elles vous seront présentées telles qu’elles au fur et à mesure de mon inspiration ou selon votre demande. Le but sera atteint lorsqu’on aura une quantité de situations importantes à présenter et que l’on pourra piocher au gré des envies, des manques constatés chez les pilotes, des conditions météo ou de plage du moment…
A bientôt sur les plages pour enrichir cet essai ou trouver des situations d’entrainement pertinentes, originales et aussi (le top) amusantes, parce que c’est bien là la source de notre sport.