Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler de ma course. Vous le savez tous, ce trophée est un hommage à un homme qui a été mon ami, mon sponsor, mon témoin de mariage, mon mécène, mon entraineur, mon confident mais aussi notre constructeur de char à voile, de pièces en tout genre, d’essieux…

trophee didier GERVAIS

Ce trophée a été créé par l’association « Au gré du vent » - club de Didier pendant de nombreuses années- pour que le nom de Didier GERVAIS ne s’oublie pas dans le char à voile tant il a apporté sa pierre à l’édifice comme on dit.

Autant la 1ère année je voulais le gagner, autant cette année, je trouvais impensable de m’approcher des 1ers. Je pensais ne pas encore avoir retrouvé la vitesse et l’entrainement nécessaire pour rivaliser ave Clément TOURON, Richard POCHET, Augustin DESCURE, Gérémy DEVIN… bref les 1ers du championnat d’Europe 2023.

Comme à chaque course et c’est encore plus vrai pour la 1ère de l’année, les pilotes ont envie de voir ce qu’ils valent, de se rassurer sur leur matériel. Mais cela dépend aussi de la grande variable… la météo.

Et l’on peut dire que la météo n’était pas du côté des organisateurs. Depuis le début de la semaine est prévu un vent de force de 4 à 5 au sud pour le samedi avec des températures polaires et sud 6 à 8 pour le dimanche.

La course est donc maintenue (on est des pilotes de classe 3, quand même), on ne va pas abandonner parce qu’il gèle. La décision pour le dimanche sera prise le samedi mais c’est mal engagé.

A l’arrivée sur la grande place de Sainte Cécile, on est tout de suite cueilli par le froid. Il gèle… la plage est gelée mais on va y aller quand même. Didge y serait allé d’ailleurs. On s’est déjà entrainé à Dannes avec le 1er banc verglacé et ça nous faisait bien marrer d’ailleurs lorsqu’on devait le traverser pour aller rouler.

D’ailleurs, Fly et Mathieu-nos directeurs de course-se posent des questions sur le parcours en raison de ce 1er banc gelé. C’est clair que ça ne dégèlera pas de la journée. Ils nous ont donc concocté un parcours tout simple de Ste Cécile à l’entrée de Dannes avec une bouée au ras de la plage gelée.

Dès le 1er départ, je me rends compte que ça ne va pas. Je suis trop engoncé avec toutes mes épaisseurs de vêtement. Je ne sens pas l’écoute avec les gants. J’ai oublié de vérifier la pression du pneu gauche. Ma girouette est mal fixée et tourne comme une hélice d’avion. Rien ne va.

En plus, j’ai l’habitude de partir à la terre lorsque je roule sur cette plage et là je ne peux pas à cause du verglas. J’ai du mal à reconnaitre la plage. Bon, les automatismes reviennent… Je retrouve le chariot d’écoute et le tire-mât. En fait, c’est juste parce que je ne roule plus assez. Le plus embêtant, c’est cette fichu girouette qui fait hélice d’avion. Voila ce que c’est de mettre un nouveau modèle sans l’essayer auparavant. Tu n’as plus qu’à faire sans… A la berckoise 😉. Heureusement, les sensations sont là.

Le parcours est top pour finir. Pas de danger mais des options partout parce qu’en plus, on tire des bords. Le vent est SUD avec des tendances EST. Passer la bouée de Ste Cécile, on abat en grand pour chercher le banc intermédiaire qui finit très étroit. D’ailleurs on finit limite sans vitesse aussi. Les prochains tours faudra trouver une autre solution.

L’arrivée à la bouée nord (celle de Dannes) est compliquée. La bouée est au ras de la glace mais il faut la traverser quand même par endroit. Heureusement, nous sommes quasiment vent arrière et nous n’avons pas d’appui sur la roue droite. La roue avant glisse mais on finit par tourner lorsqu’on arrive sur du sable sec. Pour aller sur l’autre banc, il faut serrer très fort le vent pour éviter un petit passage de mou. Ensuite, on tire des bords qui sont relativement longs. La plage est extra en fait. Il y a du jeu, on a le choix dans les trajectoires. D’ailleurs, 3 pilotes gagneront une manche j’ai la chance d’en faire partie.

Les directeurs de course essaient de varier le parcours en obligeant à passer une 1ère marque qui sera plus décalée vers le sud. C’est sur ce bord de sable dur et lisse que je me rends compte que mon essieu va bien. Je suis toujours sans girouette mais ça va, les sensations sont là.

On nous laisse le choix de continuer pour une 4ème manche ou de s’arrêter là. C’est vrai que le poste de secours est chaleureux. Il y fait bon, la soupe est bonne (ce n’est pas de l’autosatisfaction). Les bénévoles du club sont présents et au petit soin pour les pilotes transits. Roseline est là aussi et ça fait chaud au cœur. 7 pilotes continueront quand même et au bout des 20 mn, j’ai la chance de la gagner.

Tout le monde est content d’en avoir fini, l’atmosphère s’est réchauffée 😊 On est passé de -5 à -1 degré.

La remise des prix a lieu dans la foulée et j’ai l’immense surprise de réaliser que j’ai gagné le trophée Didier GERVAIS. Quel énorme plaisir d’avoir pu inscrire mon nom sur ce trophée. Je suis aux anges !! Je sais que vous me comprenez mais je ne pensais plus pouvoir le gagner. En même temps, heureusement que je ne savais pas que je devais gagner la dernière pour accrocher ce titre. Cela aurait été le meilleur moyen de me faire perdre le palonnier et de partir dans des trajectoires complétement irréfléchies.

Plusieurs choses que je dois garder en mémoire sur ce grand prix.

  • La météo, faut la regarder mais il faut aussi l’interpréter correctement jusqu’au dernier moment.
  • Je sais rouler sans girouette.
  • Je sais faire de la bonne soupe pour beaucoup de monde. Merci à Hélène pour l’épluchage des 6kgs de carottes.
  • Les bénévoles du club « Au gré du vent » sont aux petits soins pour nous et ils ont 2 directeurs de course bien aguerris et bien complémentaires.
  • On peut rouler par moins 5 degrés.
  • L’eau des bâches gèle instantanément sur le mât, la voile, les bouts et les poulies.
  • Mon essieu va bien.
  • On peut se tirer la bourre sur des parcours compliqués avec de la glace, je ne me suis jamais senti en danger. Les pilotes sont cool.
  • Faut checker son char avant de partir.
  • Didge a sûrement aimé sa course et a bien rigolé de mes bêtises.

Bravo à TOUS les pilotes qui ont su braver ce temps hivernal et ont ainsi pu faire perdurer le trophée « Didier GERVAIS ».

Oliv

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Photos par Francis Botin

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