Eau_GF_Cohen

Petit dictionnaire superflu à l'usage des pilotes qui croient encore aux combinaisons étanches.

(Photo G.F. Cohen)

 

La mer

 Louvoyage au ras des vagues, et même des vaguelettes.

Elles sont belles ces vaguelettes, innocentes et inoffensives…

Tout se passe bien, mais soudain, une fine lame d’eau s’avance devant la roue avant en train de virer…et qui ne vire plus.

Le char est comme aspiré par la mer, et comme il y a du vent (eh oui, c’est comme ça), il se transforme soudain en trimaran fendant les flots. Le temps de sortir de la caisse, ..il flotte  et tente une traversée vers l’Angleterre ou l’Afrique, au choix selon qu’on roule au Touquet ou à Rada Tilly.

baignoire

C’est là que le pilote, sorti de son char, mouillé jusqu’à la taille, tente désespérément de ramener son esquif sur la plage et de le ramener à la raison : « non, tu n’es pas un trimaran ! »

Comme on est en course, il faut repartir. Ah la douce sensation de rentrer dans une baignoire sur roues. Le char s’est rempli d’eau , évidemment bien froide

 

Repartir doucement, laisser l’eau s’évacuer par les trous prévus à cet effet (à ce moment là, on se dit : pas assez grands les trous) et arriver sous les applaudissements et sourires narquois de ses petits camarades.

 

 

La bâche

 l’amie ou la traitresse.

 L’amie quand elle est à la Panne, peu profonde, et se traverse sans même ralentir, juste avec un beau scintillement autour des roues et la visière à peine arrosée.

 La traitresse quand elle a décidé de transformer le char en sous marin, sans prévenir, à quelques mètres de ce beau passage pris le tour d’avant.

 La traitresse quand elle a décidé de plier la fourche avant, ou le palonnier ou les deux, et tant qu’on y est d’arracher les cables de direction parce que les pieds ont glissé sur le palonnier, et que la roue a pris quelques degrés, et qu’elle s’est transformée en soc de charrue dans une eau, qui à 80km/h est plus dure que la plus compacte des glaises.

lbc_Fred_2012

 L’amie et la traitresse, c’est selon, quand passant à deux chars ensemble dans la même bâche, l’un cotoyant l’autre, l’un passe comme une fleur et l’autre se prend au choix le trou, le caniveau, la pierre traitreusement cachée (ou le reste de pieu Rommel)

 La traitresse quand elle cache son paquet de vase, comme elle sait si bien le faire sur nos grandes plages du Nord par exemple.

il faut parfois attendre un tour pour repasser dans une bâche propre, pour enlever toute cette vase nauséeuse, visqueuse et collante (evidemment, on n’a jamais vu de la vase sentir le muguet) de la visière, de la caisse, de la voile. Et en plus ça a parfois la couleur et  l’odeur d’une fosse à purin.

Vasière ??  ou BEURK !!!!!!!!!!

 

La rivière :

 C’est l’exutoire de la bâche.

Etroite et profonde en sortie de bâche, elle sinue plus ou moins paresseusement vers la mer, ou la bâche suivante, au choix.

La rivière a la fâcheuse habitude de nous donner en temps accéléré des cours de géologie. Par exemple comment se sont créées les falaises entre Rouen et le Havre, qu’est-ce que l’érosion, etc…

Exercices pratiques avec les formations de caniveaux, et ces charmants petits (ou grand et même très grands) murets qu’il faut descendre et jamais monter.

Les anglais les appellent « gully » c'est-à-dire « ravin » ou « goulet ». Qui n’y a pas sacrifié une roue ou plus ….Dans ce cas on appelle cela un « « canyon »

Règle générale : la rivière se passe côté mer sous peine de la passer à la verticale. Je le sais, ça m’est déjà arrivé

 

 Le banc de vase

A Cherrueix, pas de bâche, mais….

Une bâche là-bas, c’est …de l’eau condensée, mais spéciale « façon Cherrueix ».

Le sol est un peu plus fonçé.

Tiens, c’est plus court, si j’essayais ?

Cherrueix_F88

Zut, ca ralentit encore et encore..ca s’arrête ! Bon , descendre et pousser …

Bizarre : les roues ont doublé de volume ?

Oh ! le sol ressemble à une patinoire gluante…Ca glisse, ça patine, impossible de pousser. Où est la sortie ? Help !

Ah ! ça y est, le vent vient à mon secours. Le char s’ébranle, comme on le disait du charroi dans les campagnes.  

Les pieds ont aussi doublé de volume tels des sabots géants et pèsent des tonnes, de cette vase qui s’est agglutinée en deux gros paquets qui .. Ah oui, il faut remonter dans le char. Tant pis, on nettoyera plus tard (avant que ça sèche !)

Je glisse dans le char, c’est le mot adéquat. Il redémarre doucement avec des splach splach, shlouk, shlouk, et autres bruits bizarres

Impression d’avoir des roues de tracteur, La force centrifuge fait son effet : on dirait que la gomme de ces grosses roues éclate et après quelques dizaines de mètres, la vase accumulée projetée en tous sens, même et surtout sur le pilote le casque les lunettes les yeux, a enfin libéré les roues initiales.

Conclusion : à Cherrueix, ce qui est foncé est mou, ce qui est clair est dur.

Sauf exceptions, bien sur.                  (photo A. Warendeuf)

 

Le miroir d’eau

 Il est beau, il scintille au soleil et renvoie les couleurs du ciel, les nuages et le vol des goelands

Il est long ( parfois plusieurs Km à Hardelot sur 50m de large)

Il est large et traverse le parcours,

Miroir

Evidemment le vent est de NE rafaleux,

Evidemment le beau miroir  c’est celui qui se présente 300 m avant la bouée.

50 mètres à traverser, et qui s’étale gentiment jusqu’à la mer

C’est là que le char se transforme en chien fou incontrôlable, attiré irrésistiblement par les vagues (encore).

La roue avant ne veut rien savoir, et ouf, du sable sec , ou un peu de profondeur d’eau et ….elle raccroche. . A la niche, à la bouée, et c’est reparti pour un tour.

 

La pluie

 La manche est démarrée depuis 10’, les louvoyages se succèdent, les baches se laissent traverser en splashant.
Le ciel s’assombrit. Tiens, quelle est cette eau qui m’arrive dans les yeux : Ah il pleut !  Pas bon pour les lunettes, pour la visière, pour les yeux non plus…Et le sable qui s’en mêle, et le sel.

A la descente, ca va. Les gouttes s’écrasent gentiment, doucement sur le visage

Virement

Près serré, le vent pousse la pluie à 90°, et là ce ne sont plus des gouttes, mais des aiguilles, que dis-je, des balles de golf !

Visière ouverte, fermée, entrouverte.. tout essayer

Vivement l’empannage..

Ca fera des yeux rouges à l’arrivée,

Il y a quand même un point positif : pas besoin de rincer la voile à l’arrivée

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